Préface au recueil de poésies Rêves errants
- Frenand Léger

- 25 oct.
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 31 oct.
Si la poésie est affaire d’intelligence, elle est avant tout affaire de cœur. L’émotion! Voilà le maître mot de toute œuvre d’art et de littérature. C’est dans l’intensité des émotions qu’elle occasionne que réside la valeur d’une œuvre poétique réussie. La véritable poésie c’est celle qui, selon l’intention de l’auteur et de l’horizon d’attente du lecteur, a le pouvoir d’émouvoir, de provoquer des sentiments forts. Certains recueils de poèmes peuvent déclencher chez le lecteur des sentiments d’amour, de désir, de joie, d’étonnement, mais aussi de colère, de dégout, de honte, de mépris, et de tristesse comme c’est le cas dans le recueil de notre cher ami Petit-Frère Dieulermesson.
« Rêves errants » est une œuvre lyrique à travers laquelle le poète exprime son expérience de vie personnelle, ses états d’âme, son combat avec la dure réalité haïtienne, sa relation aux autres, à son pays, à la nature et au monde. Tout cela s’exprime dans des variations sur les thèmes de l’amour et de la mort, de la douleur et surtout du désespoir.
Malgré sa construction fragmentaire, « Rêves errants » est d’une grande richesse thématique et c’est à partir de là qu’il convient, à notre avis, de chercher sa valeur littéraire. Des thèmes importants autour desquels les poèmes sont centrés, le rêve, le désespoir et la mort en sont les plus récurrents dans le recueil.
Le rêve, qui est censé être un élément positif dans la réalité, est pourtant exploité en parallèle avec le désespoir et la mort dans presque tous les poèmes de Petit-Frère qui « fait de [s]es rêves des bouquets de maux ouverts sur la mort ». Vu la nécessité absolue du rêve dans la vie de tout être humain, comment prétendre vivre sans rêves sans s’anéantir?
J’ai mis mes rêves en placement
Dans une maison d’affaires
L’aube s’est éteinte
Demain s’est réveillé
Sans vie
A chaque étoile qui meurt
Mon destin de passager
S’anéantit
Dans la brume limpide des Aurores
Des termes appartenant au réseau lexical de la souffrance, du désespoir et de la mort sont omniprésents à travers presque tout le recueil lui donnant un ton pathétique.
Je n’ai plus de folie
Plus de mots
Pas un seul souvenir
Le vent a volé ma mémoire
Et mes rêves s’évanouissent
En queue de fumée
Comme
Un cadavre en crémation
La poésie de Petit-Frère est une poésie de douleur de plainte et de mélancolie qui se rapproche de l’élégie. Pour l’auteur « Le paradis est aux enfers » et « L’apocalypse est sous [s]es pas ».
Je vous invite à la rencontre d’un jeune auteur qui, malgré la souffrance, le désespoir et les maux de la vie, arrive à trouver les mots qu’il faut pour faire briller cette nécessaire lumière mettant à jour les ténèbres de la vie haïtienne.




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